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Nous assistons depuis quelques décennies à un déclin massif des populations d’insectes, notamment en Europe de l’ouest. Le phénomène n’épargne pas les abeilles (Hyménoptères anthophiles), patrimoine hérité de 250 millions d’années qui est une aubaine pour l’homme à travers la pollinisation des plantes à fleurs qu’elles accomplissent. Ainsi, à l’échelle mondiale, plus de 75% des cultures dépendent ou bénéficient de la pollinisation animale, il est de même pour plus de 80% des plantes sauvages. Ce service « écosystémique » est fourni par une grande diversité d’animaux, mais les abeilles, dont on compte plus de 20.000 espèces dans le monde, en sont les acteurs prépondérants.

Les importantes transformations opérées par l’homme sur les milieux naturels afin de subvenir à ses besoins vitaux et de confort sont les causes fondamentales de déclin des populations d’abeilles. On peut les classer entre le domaine des pratiques agricoles d’une part, et le domaine de l’aménagement des territoires d’autre part. La France compte des espèces d’abeilles menacées d’extinction (liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature), mais bénéficie néanmoins d’une diversité d’espèces relativement importante (près de 1.000 espèces pour la seule métropole). En 2016, le diagnostic de la situation nationale et la nécessité d’en inverser la tendance, ont été actés par le ministère de l’environnement dans le cadre d’un plan national d’action pour les insectes pollinisateurs (France Terre de pollinisateurs).

L’intensité de certaines pratiques agricoles et la destruction/fragmentation des habitats sont aujourd’hui telles que certains espaces, bien que caractéristiques de l’empreinte humaine mais dans lesquels les pressions environnementales peuvent être relâchées, offrent des opportunités pour les abeilles. Il en est ainsi par exemple de certains espaces verts urbains, sites de carrières après (voire pendant) l’exploitation ou dépendances vertes d’infrastructures de transport. Ces contextes, à première vue paradoxaux, peuvent servir à offrir aux populations locales d’abeilles des ressources alimentaires et des sites de nidification indispensables à leur survie, puis servir de base à leur redéploiement dans les territoires en contribuant aux trames vertes.

C’est avec cette motivation que ces dernières années, trois ouvrages sur le pourquoi et le comment agir en faveur des abeilles dans ces endroits particuliers ont été réalisés, respectivement à destination des gestionnaires urbains, des entreprises d’extraction de matériaux de construction et des gestionnaires de réseaux routiers. Ces ouvrages sont des appels à l’action concrète à l’échelle locale car dans les circonstances actuelles particulièrement préoccupantes, pour peu qu’ils adoptent des pratiques adéquates, ces acteurs de l’aménagement du territoire au sens large sont en mesure de devenir rapidement des acteurs importants de la sauvegarde des abeilles. Les liens pour accéder à ces trois ouvrages et à d'autres ressources de référence sont disponibles en page Ressources en ligne.

La journée "D'acteurs de l'Aménagement à Ménageurs d'Abeilles" proposée le 8 novembre 2018 à l'Ifsttar Marne-la-Vallée visait à présenter comment les acteurs de terrain peuvent agir efficacement et simplement dans les différents contextes énoncés, en mettant en œuvre les principes de base de l’écologie des abeilles. Ces derniers leur ont été exposés. Certaines initiatives déjà engagées par endroits permettent un premier retour d’expérience sur la mise en œuvre et sur les résultats obtenus. Ces éléments, les enseignements à en tirer pour les actions futures, les associations de compétences nécessaires, ont pu être discutés grâce à des échanges avec l’ensemble des participants à la journée.